Petites et grandes histoires de la Coupe Davis

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Ce week-end, la plus grande compétition sportive internationale au monde a étrenné 2017. Oui, la Coupe Davis a fait son retour, comme chaque année, début février.
Des rencontres du Groupe Mondial, dont un Japon-France brillamment remporté par les Bleus, mais aussi les habituelles affiches parfois folkloriques des divisions inférieures : Bahamas-Venezuela, Lituanie-Madagascar, Pakistan-Iran

Alors, pour bien maîtriser votre sujet, Les Passionnés vous proposent 8 anecdotes, célèbres et moins connues, sur cette épreuve séculaire.

Victoire, Dodge et gueule de bois

La gueule de bois la plus rentable de l’histoire de la Coupe Davis. En demi-finale de l’édition 1992, les États-Unis s’imposent face à la Suède dès le samedi, à l’issue du double. Andre Agassi, qui a battu Stefan Edberg la veille en simple, fête la qualification pour la finale comme il se doit.
Pas besoin de vous faire un dessin : cela a dû se jouer entre vodka et mojitos jusqu’au bout de la nuit. Oui, mais voilà… L’ami Dédé doit disputer le cinquième match, certes sans enjeux, le lendemain, contre Nicklas Kulti. Alors, pour masquer ses yeux encore chassieux et injectés de sang, il décide de jouer avec une paire de lunettes de soleil Oakley.

Un choix payant : il s’impose en trois sets face à un adversaire également aviné. Mieux, en rentrant chez lui quelques semaines plus tard, il reçoit un sacré paquet : une Dodge Viper flambant neuve et dernier cri. Cadeau de Jim Jannard, fondateur de la marque Oakley.
La raison ? Le magazine américain Tennis Magazine a justement choisi une photo d’Agassi avec ces fameuses lunettes pour faire sa dernière Une. Résultat : les ventes de la paire ont explosé.
C’est ce qui s’appelle avoir le beurre et l’argent du beurre !

Couverture du magazine américain Tennis Mag avec André Agassi et ses lunettes Oakley

Mortelle Coupe Davis…

Qui a dit que le sport n’était pas une affaire sérieuse ? Voire tragique… C’était manifestement le cas pour le Japonais Jiro Satoh, numéro trois mondial, qui ne prenait pas une rencontre de Coupe Davis à la légère.
En 1934, alors que le Japon voyage en paquebot vers l’Europe pour sa prochaine rencontre, c’est le drame : un homme tombe à la mer. En menant ses recherches, le personnel et l’équipe retrouvent deux lettres de Jiro Satoh.
Malade, estimant ne pas pouvoir être à la hauteur de l’événement, il y explique avoir décidé de se jeter – littéralement – à l’eau… et s’excuse « du dérangement causé ».
L’honneur du samouraï en somme. Mais, surtout, une bien triste fin pour ce jeune homme de 26 ans.

Ce match jamais terminé…

Tony Roche, joueur de tennis australienIl est possible de faire match nul au tennis. Si, si. Tout du moins, deux joueurs peuvent se targuer de cette rareté : l’Australien Tony Roche, ex-coach de Pat Rafter et Roger Federer, et Corrado Barazzutti, Italien et 7ème joueur mondial en 1978.

C’est l’année d’avant que ce drôle de match se dispute, lors de la finale entre les deux pays, à Sydney.
Nous sommes le dimanche. John Alexander vient de battre Adriano Panatta dans le quatrième match, offrant ainsi la victoire aux Aussies.

Roche et Barazzutti se présentent donc pour un cinquième match sans enjeux. Sauf que le premier set s’avère interminable… Les deux joueurs sont encore à 12-12* lorsque la nuit intervient, interrompant la rencontre.
Après une (très) courte conciliation, il est décidé de ne pas la terminer… Match nul. Mais pas balle au centre, les Italiens rentrant bredouille de leur périple austral.

* À l’époque, la règle des deux jeux d’écart devait être respectée dans chaque set, pas uniquement le 5ème.

Cotillons et… serpentins, pour fêter la victoire !

L’Australie est le terrain des rencontres parfois les plus formidables, d’autres les moins agréables. Fort heureusement, la finale de la Coupe Davis 2001 est allée dans le meilleur des sens pour l’équipe de France. Mais l’expérience aurait pu laisser nos Bleus sur le carreau.
Sur le court, ils se sont ainsi imposés 3-2 et ont soulevé le Saladier d’Argent. En revanche, sous le court… les jardiniers, en ôtant les portions de gazon posées sur la Rod Laver Arena, ont découvert qu’un serpent-tigre s’était baladé tout le week-end entre les guibolles des joueurs.

Et, si le nom de la bestiole ne vous effraie pas plus que ça, on vous laisse en tête-à-tête avec Wikipédia :
« Ce serpent est très venimeux. Il est de couleur très variable pouvant aller du noir de jais au vert uni en passant par le jaune orangé avec des bandes vertes. […] Ce sont des serpents venimeux qui produisent en grande quantité un venin neurotoxique touchant le système nerveux central mais pouvant provoquer aussi une rhabdomyolyse et une hémolyse qui entraîneront une insuffisance rénale aiguë. […] Se sentant menacé, il se redresse, gonfle son cou, un peu comme les cobras, siffle et attaque. »

Voilà, voilà.

Serpent-Tigre_Wikipedia_2005

Dans l’enfer d’Asuncion…

« On sortait du court en se protégeant avec nos raquettes pour ne pas se faire massacrer ». Henri Leconte ne garde pas un souvenir très heureux de la rencontre Paraguay-France, en 1985.
Dans une petite salle surchauffée par 3 000 supporters loin d’avoir une véritable culture tennis, l’équipe de France se fait brutaliser. Au sens strict.

Cité par La Dépêche, Jean-Paul Loth, alors capitaine, raconte : « Les supporters avaient des battes de base-ball sur leurs genoux. Hervé Duthu, qui commentait le match pour TF1, avait pris une beigne dès le vendredi, car on l’avait assimilé à un membre du staff. Il avait été réanimé dans les vestiaires, sur la table du kiné ! ».
Ajoutez à cela des matchs qui, débutant tard, se terminent à point d’heure – 2, voire 3 heures du matin –, un juge-arbitre complètement dépassé, un public qui vocifère pendant les services, insulte, menace et crache sur les joueurs… Et pourtant, dans ces conditions impossibles, les Tricolores tiennent jusqu’au 5ème match. Avant de s’incliner, Leconte défait par Victor Pecci.

Une rencontre qui fit date, puisque les règles de l’épreuve évoluèrent ensuite pour éviter, à l’avenir, ce type de situations.

Les nations les plus titrées en Coupe Davis

Un Américain bien chanceux…

Karl Howell Behr. Ce nom ne vous dit sûrement rien. C’est pourtant celui d’un des joueurs les plus chanceux de l’histoire.
En 1912, Behr est un joueur américain reconnu, septième au classement mondial, défait en finale de la Coupe Davis quelques années auparavant. Alors qu’il a laissé temporairement sa raquette de côté pour suivre une jeune fille dont il est amoureux et qu’il cherche à séduire, il embarque, à Cherbourg, sur… le Titanic.

La suite de l’histoire, on la connaît : dans la nuit du 15 avril, 1 500 malheureux passagers s’abîment, avec le paquebot, dans les eaux glaciales de l’Atlantique… Mais, ce soir-là, dans la pire des situations, Karl Behr se trouve au meilleur endroit possible : avec sa dulcinée, à proximité du canot n°5 et de Joseph Bruce Ismay, président de la compagnie maritime co-propriétaire du Titanic. Celui-ci les laisse embarquer dans la chaloupe avec 33 autres personnes. Les deux tourtereaux sont sauvés, Behr fait sa demande en mariage dans un froid polaire, au milieu des eaux, et l’union est célébrée un an plus tard.
Ce garçon rejouera la Coupe Davis en 1915, avant d’intégrer le Hall of Fame en 1969. Tout est bien qui finit bien… pour lui.

Karl Howell Behr, tennisman américain, rescapé du naufrage du Titanic en 1912

Pour Yannick Noah, la nuit porte conseil !

S’il doit n’en rester qu’une, ce serait probablement celle-ci… La victoire française en Coupe Davis, en 1991, n’a pas seulement marqué les esprits, elle a lancé un mouvement, une France qui gagne.
« Naissance de la France qui gagne », c’est d’ailleurs le titre d’un ouvrage qui révèle les coulisses de ce succès, dont une anecdote savoureuse.

Nous sommes le samedi soir d’un week-end de finale bien connu, à Lyon. L’équipe de France mène 2-1 face aux États-Unis et Guy Forget doit affronter Pete Sampras le lendemain pour un quatrième match potentiellement décisif. Forget n’arrive pas à dormir, Yannick Noah, capitaine à l’époque, non plus.
La suite, c’est ce dernier qui la raconte dans ce livre de Fabrice Abgraal :
« Je commence à comprendre, à quelques détails qui me reviennent, que Guy n’est pas au mieux. En tout cas pas aussi confiant qu’il le faudrait pour affronter Sampras, le lendemain, pour un match décisif. Sa défaite le vendredi lui était restée en travers de la gorge et sa victoire en double ne l’avait pas totalement rassuré. Il n’avait pas un super moral, mon sentiment était qu’il ne fallait surtout pas le laisser gamberger. J’imaginais le match et je me disais que ça ne pourrait être grandiose que si le public était grandiose. Qu’il aille au bout comme nous, nous nous sentions capables d’aller au bout. Mais il fallait être à l’unisson. Excellent prétexte pour me rhabiller aussitôt. »

Oui, il est minuit et Noah, à la veille d’un rendez-vous historique pour son équipe, décide de sortir dans la nuit lyonnaise.
D’abord la place Bellecour, puis la rue Mercière et ses nombreux bars et restaurants… « Je sortais de ma bulle et j’entre dans un premier bistro, je tombe sur des supporters, je commence à boire des canons avec eux et je leur dis : « Oui ! Faut encourager Guy ! Allez, les gars, c’est pas gagné ! Faut y aller demain ! Faut pas le lâcher ! » et ainsi de suite, de troquet en troquet, j’ai fait toute la rue. Les gens étaient phénoménaux. Ils promettaient tous de donner de la voix comme jamais et, le lendemain – franchement, j’en ai encore la chair de poule –, ils n’ont pas encouragé Guy : ils l’ont littéralement porté. Je n’ai jamais vu un joueur soutenu d’une façon aussi inconditionnelle. »
Rentable, le porte-à-porte !

Et au fait quelles sont les origines de la Coupe Davis ?

La fin du XIXème siècle, le début du XXème… C’est l’époque où balbutient les premières compétitions intercontinentales et internationales : Wimbledon en 1877, les Jeux Olympiques en 1896, le Tour de France en 1903, la Coupe de l’America depuis 1851…
C’est cette dernière, opposant les États-Unis aux Îles Britanniques, qui inspire Dwight Davis en 1899. Davis, finaliste à l’US Open l’année d’avant, décide de relever un double défi : faire du tennis un sport collectif ; et surmonter les problématiques de transport de l’époque pour une rencontre sportive.
Un défi réussi en 1900 avec la toute première opposition de l’histoire et une victoire 3-0 des Américains face aux Britanniques, à Boston.

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